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MALAISE  
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Hypothermie accidentelle  
Objectifs  
Savoir déceler une hypothermie et la quantiï¬?er de façon ï¬?able.  
Savoir apprécier la gravité de l’hypothermie.  
Connaître la mise en Å“uvre du réchauffement.  
Connaissance de base obligatoire (étiologie, facteurs de gravité).  
Obtenir :  
–
–
un équilibre volémique le plus stable possible ;  
un équilibre métabolique le meilleur possible.  
Définition  
L’hypothermie se caractérise par une température centrale en dessous de  
5 °C.  
3
Sa gravité dépend de la rapidité d’installation et engage le pronostic vital  
par son risque cardiovasculaire ; son seuil est aux alentours de 32 Â°C  
(cf. tableau).  
Hypothermie  
Température (°C)  
Mortalité (%)  
Légère  
Modérée  
Grave  
35-34  
34-32  
32-25  
< 25  
3 %  
15 %  
39 %  
62 %  
Majeure  
La recherche d’une hypothermie se fait de manière systématique, plus par-  
ticulièrement chez les patients :  
•
–
–
–
•
–
–
–
–
•
–
immergés :  
eau froide (conduction plus de vingt fois plus rapide que dans l’air) ;  
avalanche ;  
montagne, crevasse ;  
blessés :  
en état d’ivresse ;  
suicidants ;  
suspicion d’atteinte spinale (paraplégie, tétraplégie) ;  
brûlures graves ;  
épuisés :  
victime bloquée dehors ;  
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–
–
–
–
•
•
•
•
en errance ;  
perdu ;  
décubitus prolongé au sol ;  
dénutris ;  
aux âges extrêmes ;  
de classes défavorisées (domicile non chauffé) ;  
en coma toxique (benzodiazépines, barbituriques, neuroleptiques…) ;  
suspects d’AVC.  
Il s’agit d’une situation pathologique grave qui pose des problèmes  
d’ordre diagnostique, pronostique et thérapeutique.  
Le patient doit être transféré immédiatement en SAUV.  
Premiers gestes – Questions au patient  
La mesure de la température se fait avec un thermomètre hypothermique  
qui permet de descendre jusqu’à 15 °C ou avec des sondes à thermorésis-  
tance rapide qui permettent d’obtenir une mesure en continu en nasopha-  
ryngien, Å“sophagien (mais aussi artère pulmonaire, par Swan Ganz). De  
manière moins fiable, la mesure peut être réalisée en tympanique, rectal,  
vésical, vaginal ou dans les plis.  
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Interrogatoire  
•
•
•
•
Interroger sur les circonstances.  
Notion de prise d’alcool ?  
Notion de prise de médicaments ?  
Notion de troubles hormonaux ?  
â?š
Premiers gestes  
•
•
•
•
•
•
•
Enlever les vêtements humides.  
Protection contre un refroidissement supplémentaire.  
Décubitus dorsal, position latérale de sécurité.  
Mobilisation prudente.  
Mesure de la température centrale.  
Monitoring ECG.  
Couverture sèche ; pas de massage ; réchauffer l’air inspiré (VNI, intubé  
ventilé).  
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•
•
•
Oxygénothérapie.  
Voie d’abord veineuse (deux).  
PLS pour les patients dans le coma.  
Prise en charge – Bilans, traitement  
â?š
Bilans  
Les différents bilans évaluent le retentissement clinique.  
•
Signes généraux :  
–
de 36 à 34 °C :  
-
-
-
peau horripilée, frissons ;  
malade conscient ;  
pâleur générale (vasoconstriction) ;  
–
•
< 34 °C :  
-
-
-
-
peau sèche, froide, parfois cartonnée ;  
cyanose périphérique ;  
absence de marbrures ;  
disparition des frissons si température < 30 °C.  
Sur le plan neurologique :  
–
–
–
Glasgow ;  
langage et orientation dans le temps et l’espace ;  
dès 34 °C :  
-
-
-
dysarthrie ;  
lenteur des mouvements volontaires ;  
obnubilation de plus en plus marquée en fonction de la gravité de  
l’hypothermie ;  
-
myosis ;  
–
•
< 25 °C :  
-
-
-
-
mydriase bilatérale aréactive ;  
coma profond ;  
état de mort apparente ;  
rigidité musculaire.  
Sur le plan cardiovasculaire :  
–
–
–
–
ECG (PR, QT, QRS, onde J d’Osborne, AC/FA, FV) ;  
pouls réguliers, bradycardie ;  
PA, hypotension, hypovolémie ;  
pâleur, marbrures, collapsus.  
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•
–
Sur le plan respiratoire :  
fréquence et amplitude respiratoires déprimées dans les hypothermies  
sévères (< 30 °C) ;  
–
–
FR, saturation en O ;  
GDS (capteur périphérique impossible) :  
2
-
PaO diminuée, hypoxémie ;  
2
-
PaCO diminuée, hypocapnie ;  
2
–
diminution de l’activité mucociliaire et encombrement bronchique.  
Toujours indiquer la température du patient au moment du  
prélèvement des GDS.  
•
–
Électrolytes et déséquilibre acido-basique :  
ionogramme sanguin K (hypokaliémie puis hyperkaliémie), Na , glycé-  
mie ;  
+
+
–
•
pH : alcalose initiale sur hyperventilation puis acidose d’hypoperfusion.  
Trouble de la crase, coagulation :  
–
TP, TCA, plaquette (thrombopénie), facteur de la coagulation, D-dimè-  
res à la recherche d’une CIVD.  
•
Rhabdomyolyse :  
–
–
•
frissons, hypertonie ;  
CPK, fonction rénale (urée, créatinémie).  
Selon le contexte :  
–
–
–
–
TSH (hypothyroïdie) ;  
toxiques ;  
enzyme cardiaque ;  
hémoculture.  
â?š
Traitement  
•
•
Oxygénothérapie ou intubation et ventilation artificielle.  
Expansion volémique : remplissage.  
Conduite du réchauffement  
Il existe trois types de réchauffement.  
Patient > 32 °C  
Réchauffement externe passif, lent (+ 0,5 à 1 °C/h) :  
•
•
•
couvertures et draps chauds ;  
ambiance chaude (25 °C ambiants) ;  
couverture de survie.  
Patient entre 28 et 32 °C  
Réchauffement externe actif (+ 1 à 4 °C/h) :  
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•
•
•
bouillotte chaude ;  
couverture chauffante à air pulsé ;  
bain à 38 °C.  
Risque de collapsus de réchauffement : surveillance  
hémodynamique (+++).  
Patient < 25 °C et parfois entre 28 et 32 °C  
Réchauffement actif ; réascension thermique rapide tout en évitant le col-  
lapsus de réchauffement :  
•
•
•
•
•
•
réchauffement des gaz respirés ;  
réchauffement des perfusats ;  
dialyse péritonéale avec bain de dialyse réchauffé ;  
tube Å“sophagien ;  
CEC (+ 8 à 10 °C/h) ;  
lavages pleuraux.  
Au-dessus de 32 °C, il n’y a plus de risque de fibrillation ventriculaire.  
Dans le contexte d’une intubation orotrachéale, vériï¬?er le  
ballonnet au cours du réchauffement car il existe une inflation  
gazeuse et un risque de rupture de celui-ci.  
Surveillance – Évaluation  
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Évaluation du réchauffement  
•
Surveillance pendant le réchauffement :  
–
–
–
–
–
•
température ;  
scope ECG ;  
PA ;  
Glasgow ;  
point d’appui, état cutané.  
ACR-réanimation jusqu’à un réchauffement à plus de 28 °C.  
•
Réchauffement par pose de poches chaudes :  
–
–
des gros troncs des membres ;  
du thorax.  
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Ni massages, ni frictions.  
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Évaluation du traitement administré  
•
•
Poursuivre la surveillance.  
Reproduire : ECG, bilan ionique K (hyperkaliémie), glycémie, pH et  
GDS, urée, créatinémie, CK, coagulation (plaquettes) ; en moyenne  
toutes les 4 h.  
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